Culture sacrifiée dans l’Hérault : un choix budgétaire qui interroge

Le couperet est tombé : le département de l’Hérault, sous la présidence de Kléber Mesquida, a drastiquement réduit son budget dédié à la culture, une décision qui soulève une vague d’inquiétude parmi les acteurs du secteur et la population locale. Alors que les finances départementales sont sous pression, ce sont les subventions aux structures culturelles qui font les frais d’une austérité imposée par l’État et des arbitrages budgétaires contestables.
Une crise budgétaire qui touche la culture de plein fouet
Le département fait face à une situation financière délicate, contrainte par une baisse des dotations de l’État et des dépenses obligatoires toujours plus lourdes. Kléber Mesquida, qui se défend de toute attaque délibérée contre la culture, a expliqué que la priorité devait être donnée aux compétences obligatoires du département : aide sociale, infrastructures et éducation. Cependant, l’annonce d’une réduction massive du budget culturel – près de 48 %, selon les dernières communications – a provoqué un tollé, tant du côté des professionnels du secteur que des habitants attachés à la richesse artistique locale.
Si les budgets des écoles de musique et des bibliothèques semblent préservés, les festivals, les salles de spectacle et les associations culturelles, qui dépendaient en grande partie des aides départementales, voient leurs financements menacés. Certains événements pourraient ne pas survivre à cette coupe budgétaire, ce qui représente une perte non seulement en termes d’offre culturelle, mais aussi d’emplois et d’attractivité économique pour l’Hérault.
Une pétition et un appel au gouvernement
Conscient des conséquences de cette décision, Kléber Mesquida tente d’interpeller le gouvernement. Il a récemment lancé une pétition afin que les départements puissent obtenir plus de soutien financier et continuer à accompagner les associations culturelles. Il a également adressé un courrier à François Bayrou, Premier ministre, demandant des mesures concrètes pour éviter la disparition d’initiatives locales essentielles au dynamisme du territoire.
L’enjeu est clair : les collectivités locales se retrouvent en première ligne des restrictions budgétaires imposées par l’État, avec des conséquences lourdes pour les services publics et la vie culturelle. À ce titre, la mobilisation des citoyens et des artistes sera cruciale pour peser dans le débat et rappeler l’importance d’un investissement dans la culture, qui est bien plus qu’un simple poste de dépense.
Un impact majeur sur la vie locale
Au-delà des chiffres, c’est tout un écosystème qui est touché. Les festivals, qui attirent chaque année des milliers de visiteurs et participent au rayonnement du département, risquent de ne pas survivre à ces coupes. Les compagnies de théâtre, les lieux d’exposition et les structures indépendantes qui font vivre la culture en milieu rural et urbain se retrouvent en grande difficulté.
Les professionnels du spectacle vivant, notamment les intermittents, craignent une précarisation encore plus forte de leurs conditions de travail. Le Syndeac, principal syndicat du spectacle vivant, estime qu’un intermittent sur trois pourrait perdre son statut dans l’Hérault dès 2025 faute de représentations suffisantes pour cumuler leurs heures.
Culture et austérité : quel modèle de société voulons-nous ?
Cette décision s’inscrit dans une tendance plus large de réduction des budgets culturels à travers la France, qui touche aussi bien des collectivités de gauche que de droite. En Pays de la Loire, la présidente de région Christelle Morançais (Horizons) a coupé 70 % des subventions culturelles, provoquant un tollé parmi les acteurs du secteur. Dans l’Hérault, l’indignation est tout aussi forte, car ces choix budgétaires mettent en péril l’accès à une culture accessible à tous, en particulier aux jeunes et aux publics éloignés des grandes institutions.
Les citoyens et les élus locaux devront se poser une question fondamentale : veut-on d’une société où l’austérité prime sur l’émancipation culturelle et le lien social ? Alors que d’autres postes budgétaires, comme les infrastructures routières, restent préservés, le choix de sacrifier la culture apparaît comme un arbitrage contestable et lourd de conséquences.
Vers une mobilisation collective ?
Face à ce choc, les réactions ne se sont pas fait attendre. Artistes, associations et citoyens se mobilisent pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Des manifestations ont déjà eu lieu devant le conseil départemental, et plusieurs élus de la majorité départementale appellent à revoir certains arbitrages.
La pétition lancée par Kléber Mesquida suffira-t-elle à faire bouger les lignes au niveau national ? Le gouvernement répondra-t-il à son appel pour éviter que la culture ne devienne une variable d’ajustement budgétaire permanente ?
Ce qui est certain, c’est que cette affaire dépasse largement le cadre de l’Hérault. Elle pose une question cruciale : quelle place voulons-nous accorder à la culture dans notre société ? Un combat qui, au-delà des débats comptables, concerne tous ceux qui croient en l’importance d’un accès à l’art et à la création pour tous.