Introduction : L’Alliance Toxique entre Crypto-Populisme et Extrême Droite

Depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025, les cryptomonnaies sont au cœur d’un paradoxe : présentées comme un outil de liberté financière, elles servent de levier à un projet politique autoritaire et à des groupes d’extrême droite. Entre la création du « Trump Coin », une cryptomonnaie spéculative valorisée à 6 milliards de dollars en quelques heures, et les dérives de financements opaques vers des mouvements technofascistes, un constat s’impose : la crypto est l’arme financière du chaos politique.

1. Trump, un Virage Opportuniste vers la Crypto

De la Méfiance à l’Exploitation

Initialement critique envers les cryptomonnaies, Trump opère un revirement spectaculaire durant sa campagne 2024, promettant de faire des États-Unis la « capitale mondiale » des actifs numériques. Dès son entrée en fonction, il signe un décret présidentiel pour « renforcer le leadership américain dans la technologie financière numérique », tout en interdisant les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) jugées menaçantes pour la souveraineté du dollar.

Le « Trump Coin » : Un Outil de Propagande Financière

Lancé fin janvier 2025, le « Trump Coin » – un « meme coin » sans utilité économique – atteint une capitalisation de 9 milliards de dollars en quelques jours. Trump et ses associés détiennent 800 millions de jetons non commercialisés, théoriquement valorisés à 34 milliards de dollars. Cette manne spéculative, combinée à des projets comme « World Liberty Financial », illustre une stratégie : monétiser la ferveur populiste tout en court-circuitant les régulateurs.

2. Crypto et Technofascisme : La Finance de l’Ombre

Les Groupes d’Extrême Droite et les « Privacy Coins »

Depuis l’attaque du Capitole en 2021, les groupes comme les Proud Boys ou le mouvement néonazi « The Base » adoptent massivement les cryptomonnaies pour contourner les sanctions financières. Le recours à des « privacy coins » (Monero, Zcash) rend les transactions intraçables, facilitant le blanchiment et le financement d’activités violentes.

Europe : Une Montée en Puissance Inquiétante

En Europe, les dons cryptos aux groupes d’extrême droite bondissent de 50 % entre 2022 et 2024, notamment via des plateformes comme DLive ou Gab. Les récits nationalistes et anti-migrants, couplés à des événements politiques (élections en France et au Royaume-Uni), catalysent ces flux.

3. Les Risques Géopolitiques et Démocratiques

Déstabilisation des États et Évasion Fiscale

Les cryptomonnaies permettent aux groupes extrémistes de contourner les sanctions internationales et de financer des opérations transnationales. Par exemple, le Hamas et des milices néonazies utilisent Bitcoin pour acheter des armes ou organiser des attaques.

Un Outil de Propagande Globale

Les cryptomonnaies servent aussi à diffuser des narratifs complotistes. Par exemple, les campagnes de crowdfunding liées à des théories du complot (QAnon, Great Replacement) utilisent des wallets Bitcoin pour mobiliser des donateurs internationaux.

4. L’Avis des Experts et du Public

Les Lanceurs d’Alerte : « La Crypto est une Menace Existente »

Des organisations comme le Counterterrorism Group (CTG) alertent sur l’exploitation croissante des cryptos par l’extrême droite : « Les groupes technofascistes utilisent ces fonds pour organiser des violences de masse et recruter des membres ». Des juristes comme Beth Littrell soulignent l’impuissance des lois face à ces flux anonymes.

Conclusion : La Crypto, Cheval de Troie de l’Autoritarisme

La cryptomonnaie, sous couvert de modernité, devient un instrument au service d’un projet réactionnaire : financer des réseaux extrémistes, contourner la démocratie, et concentrer le pouvoir entre les mains d’une élite milliardaire. Face à cette menace, la gauche doit repenser son approche : au lieu de diaboliser la technologie, elle doit exiger une régulation ferme, transparente et solidaire.