Encore une fois, la défaite de la gauche est le résultat de ses divisions
La défaite de Louis Boyard à Villeneuve-Saint-Georges lors de l'élection municipale anticipée est un nouvel exemple des conséquences de la fragmentation de la gauche. Face à une droite unie et galvanisée par une participation accrue, la liste de La France insoumise (LFI) n'a pas su capitaliser sur son avance du premier tour, payant le prix d'une incapacité à rassembler l'ensemble des forces progressistes.
Une victoire assurée pour la droite
Kristell Niasme (LR) remporte la mairie avec 49 % des voix, devant Louis Boyard à 38,8 %. Le maire sortant, Philippe Gaudin, affaibli par un scandale, s'effondre à 12 %. Ce résultat s'explique en grande partie par une mobilisation massive de l'électorat de droite au second tour. L'abstention, qui reste élevée à 61 %, a pourtant été moins forte qu'au premier tour, avec un passage de 4 291 à 5 080 votants. Mais cette hausse a avant tout bénéficié à la droite, qui engrange 820 voix supplémentaires, tandis que le total de la gauche stagne.
Une gauche trop divisée
La gauche avait pourtant la possibilité de l'emporter. Au premier tour, la liste LFI avait obtenu 24,9 % des voix, tandis que celle de l'union de la gauche (PCF, PS, Verts, GRS) recueillait 20,7 %. Une fusion des listes aurait permis de constituer un bloc solide face à la droite, mais les tensions internes ont eu raison de cette unité. LFI a refusé une fusion proportionnelle avec la liste de gauche, ce qui a poussé cette dernière à se retirer, en appelant à faire barrage à la droite. Mais cet appel n'a pas suffi à mobiliser les électeurs de l'union de la gauche, qui ont pour partie préféré s'abstenir. Cette division a été aggravée par les tensions internes au sein de la gauche nationale. La crise entre LFI et le PS, notamment autour de la présence sur la liste insoumise d'un candidat ayant tenu des propos favorables au Hamas, a nourri une méfiance et affaibli la dynamique d’alliance.
Un avertissement pour 2026
Cette défaite doit servir de leçon à la gauche à l'approche des élections municipales de 2026. La stratégie de conquête de communes populaires en banlieue parisienne risque de se heurter aux mêmes écueils si la gauche ne parvient pas à surmonter ses divisions. Si la France insoumise veut être une force majoritaire, elle doit apprendre à composer avec ses partenaires et à proposer une unité sincère et solide. Sans cela, les victoires de la droite risquent de se multiplier, laissant une gauche toujours plus marginalisée et incapable de peser dans les décisions locales. L’heure est donc à la réflexion et à l’autocritique pour la gauche. Loin de n’être qu’une défaite locale, ce scrutin préfigure les difficultés à venir si les erreurs ne sont pas corrigées.
Le message de Louis Boyard
Ne comptez pas sur moi pour porter un discours de défaite ce soir. Je veux porter un message d’espoir. Tout d’abord : merci à tous les villeneuvois. Merci à tous ceux qui ont voté pour nous. À toutes celles et ceux qui ont porté notre projet. En 2020, la gauche rassemblée sans LFI avait fait 27% au second tour des élections. Avec ce score ils ont perdu la ville. Deux ans après, nous gagnons par deux fois de suite les élections législatives. Avec de très larges scores, en particulier à Villeneuve-Saint-Georges. En 2025 LFI, avec sa liste de citoyens, d’engagés des quartiers populaires, de travailleurs essentiels, de jeunes… seuls contre tous, LFI a rassemblé 38% des voix. Voilà pourquoi je suis ici pour vous porter un message d’espoir : tout le monde était contre nous. Le Ministre de l’Intérieur et ses ingérences dans les élections, le Front National, Zemmour, la presse Bolloré… Et bien sûr, les Macronistes, qui face à la révolution citoyenne ont choisi l’extrême droite. Tout un système qui devant la révolution citoyenne préfère la fascisation de la France. Et je le dis. Dans ce moment là où étaient les communistes, les socialistes, les écologistes ? Je vais vous faire une confidence, je ne sais pas. Quand notre liste était accusée de communautarisme. Où étaient-ils ? Alors qu’on était insultés, calomniés, intimidés. Où étaient-ils ? Lorsqu’il a fallu nous aider à battre l’extrême droite. Où étaient-ils ? En tout cas aujourd’hui, pas dans les urnes. Pas à nos côtés. Pas aux côté du peuple villeneuvois. Mais heureusement, je suis entouré de têtes dures. Je suis tellement fier du combat que nous avons mené et je veux remercier chacun de mes colistiers. Ils et elles sont tous dignes, fiers et solidaires. Je sais que la France nous écoute ce soir. Je sais que les opprimés nous regardent et que, comme nous, eux aussi ils ont envie de mener la bataille des élections municipales en 2026. Oui nous avons fait mieux. Mais encore pas assez. Alors bien sûr, demain matin n’est pas à la fête. Mais nous allons continuer de lutter, lutter, lutter. Et nous donner le droit et l'espoir de recommencer.