Merwane Benlazar évincé de France Télévisions : quand l’extrême droite dicte l’agenda médiatique

Vendredi 31 janvier, l’humoriste Merwane Benlazar apparaît sur le plateau de C à vous (France 5), vêtu d’un bonnet et portant une barbe. Ce qui aurait dû être une simple chronique humoristique est rapidement devenu le point de départ d’un lynchage médiatique et politique, orchestré par les figures de la droite et de l’extrême droite.
La pression a été telle que France Télévisions a annoncé qu’il ne reviendrait plus à l’antenne, une décision confirmée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, lors d’une intervention au Sénat le mercredi 5 février.
Une campagne raciste et islamophobe
Dès la diffusion de la chronique, plusieurs personnalités issues de la galaxie Bolloré et des cercles d’extrême droite s’en prennent violemment à Merwane Benlazar. La présence d’un humoriste arabe, portant une barbe et un bonnet, devient le prétexte à une campagne haineuse, nourrie par des fantasmes islamophobes.
Sur CNews, Pascal Praud et ses chroniqueurs enchaînent les commentaires alarmistes, relayant l’idée absurde que l’apparence de l’humoriste témoignerait d’un « signal islamiste ». L’avocate Lara Fatimi parle d’une “étape importante de la conquête islamiste”, insinuant que sa tenue vestimentaire relèverait d’un prosélytisme religieux. Un glissement rhétorique inquiétant, qui transforme un simple choix vestimentaire en menace civilisationnelle.
Comme souvent, cette campagne raciste s’accompagne d’une chasse aux tweets. D’anciens messages de Merwane Benlazar sont exhumés, certains pouvant être jugés polémiques, d’autres simplement critiques envers le traitement médiatique des musulmans en France. Un prétexte parfait pour justifier son éviction.
France Télévisions plie sous la pression
Officiellement, la chaîne publique affirme que sa chronique était une intervention ponctuelle et qu’il n’était pas prévu qu’il revienne régulièrement. Pourtant, la déclaration de Rachida Dati au Sénat, affirmant qu’il “ne sera plus à l’écran”, laisse peu de doutes sur les véritables raisons de son éviction.
Au lieu de défendre un humoriste ciblé par une campagne haineuse, France Télévisions a choisi de céder. Une reddition qui pose une question fondamentale : qui décide aujourd’hui de ce qui est acceptable dans le paysage audiovisuel français ?
Un climat de plus en plus inquiétant
L’affaire Benlazar s’inscrit dans une dérive inquiétante de la liberté d’expression en France. Depuis plusieurs années, on assiste à une radicalisation du discours médiatique, où l’extrême droite impose ses obsessions identitaires, et où toute personne issue de la diversité devient suspecte par défaut.
Le précédent est grave : un humoriste peut être éjecté de la télévision publique, non pas pour ses propos à l’antenne, mais pour son apparence et des tweets déterrés. Aujourd’hui, c’est Merwane Benlazar. Demain, qui sera la prochaine cible ?
Conclusion : Refuser le basculement autoritaire
Ce climat nauséabond rappelle que les attaques contre la liberté d’expression ne viennent pas toujours de là où on les attend. Tandis que certains prétendent lutter contre la « censure woke », ils sont les premiers à exiger l’exclusion de ceux qui ne correspondent pas à leur vision étriquée de la France.
Face à cela, la société civile, les artistes et les médias indépendants doivent refuser de se laisser dicter leurs choix par les hystéries médiatiques d’une minorité bruyante. L’affaire Benlazar n’est pas qu’un scandale individuel : elle est le symptôme d’un basculement autoritaire qui menace la diversité des voix dans l’espace public.